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Candy Côte d'Ivoire
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Les Boni, un pan de Côte d'Ivoire en Guyane

Les Boni, un pan de Côte d'Ivoire en Guyane

Un petit garçon Boni tenant un objet avec les motifs des Boni

Un petit garçon Boni tenant un objet avec les motifs des Boni

Bonjou la Candy Fam, Sa ou fè ? * De mon côté, ça va ! J’avais été nominé pour les e-voir Blog Awards, résultats ? je n’ai pas été élu « Blogueur de l’année » mais je suis très contente et ce fût un honneur pour moi d’avoir pu participer à cette compétition qui, j’espère m’ouvrira de nouvelles portes.

Quand j’étais petite, ma grand-mère paternelle, qui est baoulé me racontait toujours des histoires sur l’araignée, le héros des contes baoulés, ce qui m’amusait beaucoup. Cependant, j’étais loin d’imaginer qu’à des milliers de kilomètres de mon pays, une petite fille comme moi écoutait sûrement les mêmes contes non pas parce-que l’araignée est une star planétaire mais tout simplement parce que de l’autre côté de l’océan atlantique, se trouve un peuple avec une forte identité culturelle et qui s’apparente beaucoup aux baoulés. Mais alors qui sont-ils et comment est-ce possible qu’ils ressemblent tant aux baoulé ? J’ai donc décidé de mener ma petite enquête et de partager avec vous ce que j’ai découvert.

Au XVIIe siècle, la reine Abla Pokou quitte le Ghana avec son peuple pour fuir les conflits inter-ethniques. Cet exode donnera ainsi naissance au peuple baoulé, la plus grande communauté ethnique ivoirienne. Or depuis le XVe siècle, l’Afrique est victime de la traite négrière, des négriers débarquent régulièrement en vue d’acheter des esclaves qui seront envoyés aux Antilles et en Amérique, travailler dans les plantations. Parmi eux, une jeune femme baoulé dénommée Adjoua qui sera déportée à Surinam, en Guyane hollandaise. A Surinam, Ajdoua tombe amoureuse de Tiouka, un amérindien et de leur idylle nait Boni Okilifu, celui qui fera basculer le destin de nombreux esclaves. Adulte, Boni vit très mal le fait d’être assujetti et décide de se révolter ! Il établit alors une stratégie avec des hommes et des femmes venant d’origine diverses tels le Ghana, le Bénin ou encore le Congo. Néanmoins, Boni ne sait pas encore que ce soulèvement en plus, de le rendre libre, fera de lui le père fondateur de la société baoulé guyanaise. Tout se passe alors comme prévu, Boni et ses semblables obtiennent gain de cause et deviennent enfin des hommes libres. Ils traversent alors le fleuve Maroni pour se retrouver à Hapatou, en Guyane française où ils s’installeront définitivement. Ainsi c’est en Guyane française, que se forme le peuple Boni encore appelé Aluka.

Les Boni construisent et organisent petit à petit leur société, une société basée sur le multiculturalisme. Cependant, une seule ethnie arrivera à s’imposer : l’ethnie baoulé. En effet, Boni étant le chef de fil de la révolte, il donnera son nom à son peuple et fera de la société baoulé, le socle de la société Boni, ce qui explique donc les fortes similitudes entre Boni et baoulé et le fait qu’en Guyane une petite fille comme moi écoutait les mêmes contes(rires). C’est ainsi que tout comme les baoulé, les Boni nomment leurs enfants selon les jours de la semaine, que l’on retrouve des noms comme « kodjo » ou « kouakou » chez les deux peuples, qu’ils utilisent le système matriarcal, se servent du tam-tam parleur pour communiquer et qu’ils partagent les mêmes rites funéraires. Alors oui, aussi fou que cela peut paraitre, les baoulés de Côte d’Ivoire ont bien des cousins en Guyane qui sont restés fortement ancrés à leurs racines : « un morceau de bois à beau rester 1000 ans dans l’eau, il ne deviendra jamais un poisson »(Proverbe akan*).

Cependant, Les Boni sont longtemps restés inconnus du peuple ivoirien et il faudra attendre 1993 pour que le célèbre écrivain et journaliste Serge Bilé les découvre et décide d’établir un contact entre Boni et baoulé et les ivoiriens d’une manière générale. Grâce à lui, en 1994, les premiers Boni foulent le sol ivoirien à la rencontre de ceux avec qui ils sont à la fois si proches et si éloignés. Enfin pour clore cette belle action, Serge bilé écrit un livre sur les boni, Boni aux origines d'un peuple  qui parut cette année (le livre est disponible sur Amazon).

Je trouve l'histoire des Boni tellement forte que je tenais à la partager avec vous pour vous montrer que l’histoire de la Côte d’Ivoire ne se limite pas qu’à un seul territoire.  

Le film que je vous suggère de regarder ce mois-ci est  le djassa a pris feu , de Lonesome Solo.  C’est un bon film d’action relatant de la vie d’un gangster et j’ai vraiment aimé le travail du réalisateur. Pour voir la bande annonce et le film, cliquez ici et ici.

Source des images: Google

Lexique

Bonjou Sa ou fè : bonjour comment allez-vous ( en créole)

Akan : un des 4 grands groupes ethniques ivoiriens auquel les baoulé appartiennent.

 

Le livre Boni aux origines d'un peuple

Le livre Boni aux origines d'un peuple

Affiche du film Le Djassa a pris feu

Affiche du film Le Djassa a pris feu

Le premier Candy Découverte

Le premier Candy Découverte