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Candy Côte d'Ivoire
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Aux origines de la musique ivoirienne

Aux origines de la musique ivoirienne

L'Orchestre de Bouaké, le plus célèbre des orchestres de l'époque

L'Orchestre de Bouaké, le plus célèbre des orchestres de l'époque

Helloooo la CandyFam! J'espère que vous allez bien surtout en cette période difficile.Tenez bon et respectez les consignes d'hygiène, tout ceci sera bientôt derrière nous. De mon coté, tout va très bien, je tiens le coup et je suis suuper contente de vous retrouver !

Il y a quelques jours, nous avons publié, sur les réseaux sociaux du blog, un mini documentaire d'environ 7 minutes sur lé coupé décalé, ce genre musical 100% ivoirien, qui fait danser la Cote d'Ivoire depuis maintenant deux décennies! ( Vous pouvez voir le documentaire ici).

Comme le dit l'adage "la musique adoucit les mœurs" et au vu de la période anxiogène que nous traversons, j'ai décidé de vous raconter une histoire, celle des débuts de la musique ivoirienne, (en plus d’une playlist spécialement conçue pour vous !). En Afrique, la Côte d'Ivoire a longtemps été considérée comme LE CARREFOUR MUSICAL. En effet pendant de nombreuses années, notre très cher pays était le point de rencontre privilégié des pionniers de la musique africaine et de tous les nouveaux genres musicaux qui émergeaient sur le continent. Grâce à cela, la Côte d'Ivoire a pu s’ériger en « Eldorado musical » où de nombreux artistes africains "venaient se chercher*" dans l'espoir d'une carrière prometteuse. C'est également à cette période que l'on verra éclore les premiers talents ivoiriens. Retour sur les années de gloire de la musique ivoirienne, symbole d'effervescence de la musique africaine.

Une histoire d'orchestres

Durant les périodes pré-coloniales et coloniales, la musique ivoirienne est purement traditionnelle. Rythmée par les instruments tels le tam-tam*, l'ahoco* ou encore le balafon*, elle accompagne les ivoiriens dans tous les épisodes de leurs vies: naissance, funérailles, cérémonies coutumières et religieuses. Puis dans les années 1950-1960, la musique moderne fait petit à petit son apparition à travers les nombreux orchestres qui se créent dans les grandes villes du pays. Ces orchestres sont entre autres l'Orchestre de Bouaké, les Djin Music, le Yapi-Jazz, l’Ivoiris Band, le Conseil de l'Entente ou encore l'Ivorio Star. Les orchestres animent les mondanités et les évènements administratifs des villes.  À Abidjan, par exemple, ils égayent les citadins lors de soirées endiablées dans des clubs tels La Boule Noire ou L’Étoile du Sud, tous deux situés à Treichville, premier quartier d'Abidjan et témoin de cette fièvre musicale naissante.

Photos prises lors des soirées animées par les orchestres

Photos prises lors des soirées animées par les orchestres

Amédée Pierre, "le Dopé National"

Alors que la musique moderne commence à voir le jour en Côte d'Ivoire, au Ghana et au Congo, elle y est déjà respectivement depuis les années 1900 à travers le high-life ghanéen et 1940 à travers la rumba congolaise. Ces deux genres conquièrent l'Afrique et c'est alors qu'en Côte d'Ivoire, entre en scène, Amédée Pierre.  Amédée Pierre est un jeune ivoirien, il fonde l'orchestre "l'Ivorio Band" et le 7  Août 1960, il donne son premier concert dans le maquis*, L'Oasis du Désert: le public est séduit. Si dans un premier temps, l'artiste chante en français, il finit par abandonner la langue de Molière pour sa langue maternelle, le bété*. C'est ainsi que quelques temps plus tard, il sortira son premier disque intitulé Moussio Moussio: c'est un franc-succès. Dès lors, il est surnommé "le Dopé national", dopé veut dire "rossignol" en bété. La carrière d'Amédée Pierre décolle et il est considéré comme le premier chanteur ivoirien. Il réussira alors à détrôner le high-life ghanéen et la rumba congolaise du cœur des ivoiriens.

 

Amédée Pierre

Amédée Pierre

Amédée Pierre

Amédée Pierre

La révélation des pionniers de la musique ivoirienne

Amédée Pierre ouvre ainsi la voie aux chanteurs ivoiriens. En réalité, certains débutent leur carrière en même temps que lui mais son succès sera le moteur qui les révèlera au grand public. On découvre alors les pionniers de la musique ivoirienne à travers le duo (et couple) d'Allah Thérèse et « N’Goran la Loi », les auteurs de l'emblématique titre Indépendance. Il y a également Ernesto Djédjé, le “bon petit*” d'Amédée Pierre mais aussi le chef de son orchestre, connu pour avoir fait danser les africains grâce à ses titres Ziboté et Adjissè ainsi que  Mamadou Doumbia, chef de l'orchestre Le conseil de L'entente et à qui l'on doit super bébé. Enfin n'oublions pas les sœurs Comoé, auteures d' Abidjan Pon sou, qui auront réussi à s'imposer malgré la réticence du public ivoirien à voir deux femmes seules chanter. Tous chantent dans leur langue maternelle et leurs œuvres sont des mix de sonorités funk, Soul, Jazz, afro-cubain, d'high-life, rumba congolaise et rythmes traditionnels ivoiriens. Ce panaché de mélodies est l'essence du premier genre musical ivoirien, la musique tradi-moderne.

Allah Thérèse et N'Goran la loi

Allah Thérèse et N'Goran la loi

Ernesto Djédjé

Ernesto Djédjé

Mamadou Doumbia

Mamadou Doumbia

Les soeurs Comoé

Les soeurs Comoé

Abidjan "The place to be"

À cette même époque, la RTI* se dote d’un orchestre, l’ORTI*. Afin de diriger leur music-band*, ils font appel à Manu Dibango en 1975 , figure emblématique de la musique africaine. Il dirige l'ORTI pendant 4 ans et produit également des chanteurs tels Lougah François. Plus tard, Il réalise également la bande-son de Kimbo*. C’est alors à Abidjan que sa carrière démarre. Les pianos bars et studios d’enregistrements foisonnant dans la capitale ivoirienne, de nombreux artistes africains tels Salif Keita, Mory Kanté, Tshala Muana imitent Manu Dibango et déposent leurs valises à Abidjan. Cependant Les artistes africains ne sont pas les seuls à vivre le rêve musical abidjanais. En 1985, le groupe de zouk Kassav se rend pour la première fois en Afrique et débute sa tournée sur le continent par un premier concert à Abidjan réunissant  40 000 PERSONNES. Les stars du Zouk reviendront très souvent au cœur de la capitale notamment pour célébrer leurs 30 et 40 ans d'activité et déclareront que la Côte d'Ivoire est le pays qui propulsé leur carrière.

Ainsi durant les années 1960-1980, la Côte d'Ivoire connait un miracle à la fois économique et culturel. Aujourd'hui le pays demeure toujours une plaque tournante de la musique mais doit dorénavant partager son noble titre avec des pays tels Nigeria ou l'Afrique du Sud. Cependant, nous retiendrons son immense contribution à la musique africaine.

C'est ainsi que s'achève mon article sur la musique ivoirienne, sur ce, Prenez soin de vous et de vos proches! (#sendinglove)

La playlist de l'article est disponible ici

Petit lexique:

venir se chercher: aller à l'aventure dans l'espoir de se faire une place au soleil

tam-tam: instrument de musique traditionnel que l'on retrouve généralement chez les populations d'Afrique de l'Ouest

Ahoco: instrument de musique appartenant à l'ethnie baoulé, ethnie que l'on retrouve au centre et l'est de la Côte d'Ivoire

Balafon: instrument de musique commun aux populations mandingues du Mali, Burkina-Faso et Côte d'Ivoire. Depuis 2013, le balafon ivoirien est déclaré au patrimoine mondial de l'UNESCO

Bété: ethnie que l'on retrouve généralement à l'ouest de la Côte d'Ivoire

Bon petit: protégé

RTI: Radio Télévision Ivoirienne

ORTI: Orchestre de la RTI

Kimbo: premier dessin animé africain co-produit par la fondation N'daya de l'ancienne première dame ivoirienne, Marie-Thérèse Houphouët-Boigny

Source des images: Google et Facebook

 

 

 

 

 

 

 

Couverture de l'album "Mandjou", enregistre à Abidjan et qui a révélé Salif Keita

Couverture de l'album "Mandjou", enregistre à Abidjan et qui a révélé Salif Keita

Affiche d'Afrofunk

Affiche d'Afrofunk